Le terme « lésions et tumeurs cutanées » regroupe toutes les formations dermatologiques du visage ou du corps qu’un chirurgien plasticien peut être amené à retirer (grain de beauté disgracieux ou dont l’allure s’est modifiée, lésions bénignes, carcinomes cutanés, lipome, kyste…).

Le retrait de petites lésions cutanées est, dans l’imaginaire collectif, simple car c’est « une petite chirurgie ». A mon sens, il n’existe pas de « petite chirurgie », chaque acte chirurgical doit être précis et bien réfléchi. L’important n’est pas la taille de la lésion ou de la cicatrice qui va en résulter mais sa bonne position et sa qualité.

 


Les lignes de Langer correspondent aux lignes de réflexion de la lumière sur la peau, elles sont définies pour une localisation par une orientation précise. Ainsi, le but dans la chirurgie cutanée, est non seulement d’obtenir une cicatrice fine mais aussi de la positionner de telle manière qu’elle ne se voit quasiment pas (qu’elle se fonde dans l’axe des plis naturels du visage ou du corps).

Il existe autant de plasties cutanées que de lésions cutanées et la technique la plus adaptée à votre situation vous sera expliquée.

Dans quels cas l’intervention peut-elle être indiquée ?

Les chirurgies cutanées peuvent être indiquées chez toute personne présentant une lésion dermatologique à retirer chirurgicalement soit pour une raison médicale soit pour une raison esthétique.

Lorsque la raison est esthétique il vaut mieux attendre la fin de la puberté pour intervenir car sous l’influence des imprégnations hormonales, la cicatrisation est souvent de mauvaise qualité, d’autant plus que la lésion peut évoluer avec la croissance.

Dans la mesure ou il faudra protéger la cicatrice du soleil pendant 1an après l'intervention (et donc passer par un été) , il n'existe pas de période de l'année plus favorable qu'une autre pour intervenir.

Comment se déroule l’intervention ?

L’intervention se déroule le plus souvent en ambulatoire.
En fonction de l’intervention réalisée l’anesthésie peut être soit locale pure, soit locale potentialisée (les anesthésistes administrent aux patients des produits relaxants).
Toute lésion potentiellement tumorale retirée est envoyée en laboratoire d’anatomopathologie pour analyse au microscope. 

Quelles sont les suites opératoires ?

Les suites opératoires sont simples et non douloureuses. Vous pouvez reprendre votre activité quotidienne normale dès la sortie de la salle d'intervention.
Des soins de cicatrice (lavage à l’eau et au savon, parfois désinfectant et pansement) sont à réaliser jusqu’à cicatrisation complète (environ 1 semaine).
Les résultats de l’analyse anatomopathologique vous sont délivrés par courrier dès leur obtention ( environ 2 semaines), ainsi qu'à votre dermatolgue et/ou médecin traitant et à moi.
Les baignades prolongées sont proscrites pendant 1 mois (macération de cicatrice avec risque de troubles de la cicatrisation).
A partir du 10eme jour il est conseillé de masser la cicatrice afin de l’assouplir et de l’affiner.
La cicatrice devra être impérativement protégée du soleil (écran total ou vêtement) pendant 1 an afin d’éviter qu’elle ne se pigmente.

 

Quelles sont les principales complications possibles ?

Il ne s’agit pas de complication mais d’aléas cicatriciels car la cicatrisation dépend bien sûr de la qualité de la suture chirurgicale mais aussi de la manière propre à chaque patient de cicatriser :

 

  • cicatrice hyperpigmentée : fréquente chez les personnes ayant un phototype foncé (peau mate) ou lorsque la cicatrice est exposée trop précocement au soleil. Son évolution est spontanément régressive et peut être accélérée par des pommades dépigmentantes.
  • cicatrice hypopigmentée : rare mais possible , la couleur de la cicatrice est plus claire que la peau alentour. Il n'existe malheureusement pas de traitement efficace pour accélérer la pigmentation de cette dernière et son évolution spontanée est longue (repigmentation en environ 5ans).
  • cicatrice hypertrophique : c’est une cicatrice légèrement volumineuse, un peu pigmentée, parfois prurigineuse. Elle est totalement régressive en 1an maximum grâce à des pétrissages manuels.
  • cicatrice chéloïde : c’est une cicatrice pathologique qui correspond physiologiquement à une hypercicatrisation et qui se traduit par une cicatrice en relief, pigmentée, prurigineuse et douloureuse. Plus fréquente chez les personnes ayant un phototype foncé et sur certaines localisations soumises à tension (dos, épaule, genou, sternum), il existe d’importantes prédispositions génétiques à ce type de cicatrisation. Son traitement repose sur des pétrissages manuels, des injections intra-cicatricielles de corticoïdes voir une reprise chirurgicale.
  • les troubles de la sensibilité cutanée autour de la cicatrice : liés à la section inévitable de petites ramifications nerveuses terminales lors de l’intervention. Ils sont totalement régressifs (repousse nerveuse) en moins d'un an.
  • les récidives: lorsqu'il s'agit du retrait de lésion bénigne tout est fait pour s'assurer du retrait total de la lésion, lorsqu'il s'agit de lésion cancéreuse nous prenons en plus de ce qui est visible à l'oeil nu des "marges de sécurité" c'est à dire une collerette de peau saine autour de la lésion ( dont les dimensions varient en fonction du type de lésion et de sa localisation). Malheureusement , il arrive que, malgrès ces précautions une partie de la lésion ne soit pas retirée et récidive.

 

A partir de quand est-il possible d’apprécier le résultat esthétique de l’intervention ?

Les cicatrices sont inflammatoires (rosées, chaudes, un peu en volume) les 3 premiers mois post-opératoires puis vont évoluer en s'améliorant jusqu’à la date anniversaire de l’intervention pour devenir fines et souples.
Le résultat esthétique final s’apprécie à 2 ans.

En cas de lésion cutanée cancéreuse , il est important de comprendre qu'une personne ayant déjà développé ce type de lésion est plus à risque d'en developper une autre qu'une personne n'en ayant jamais eue. Ainsi, le suivi dermatolgique est indispensable afin de dépister précocément d'autres lésions. Le rythme de cette surveillance est établi par votre dermatologue.

 

Pour avoir des informations complémentaires vous pouvez lire la fiche «  chirurgie des tumeurs cutanées » rédigée par la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique.